samedi, mai 31, 2008

Au Maroc, en Tunisie et en Libye aussi...

Des pays voisins de l'Algérie sont eux aussi confrontés au problème des harragas, mais dans une mesure moindre. Au Maroc, le phénomène a beaucoup baissé ces dernières années, la lutte maritime contre l'émigration clandestine s'étant considérablement renforcée. Jusqu'à la fin des années 1990, les ressortissants marocains partaient de Nador, au nord, tandis que les Sahraouis et les Subsahariens partaient de Tarfaya, El-Ayoun ou Dakhla, sur la côte atlantique sud. Les Marocains l'emportaient largement, en nombre, sur les Subsahariens, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.

La fermeture hermétique, à partir d'octobre 2005, des enclaves espagnoles de Ceuta et de Melilla - après qu'elles eurent été prises d'assaut par des centaines de Subsahariens désespérés - a fait chuter d'environ 70 % le nombre des candidats au départ. Reste des tragédies comme celle du 29 avril, où 29 clandestins (des Africains pour l'essentiel) ont péri dans des circonstances controversées, l'ONG « Amis et familles des victimes de l'immigration clandestine » accusant l'armée marocaine d'avoir provoqué leur noyade.

En Tunisie, les candidats à l'exil sont nombreux à tenter leur chance depuis les villes du Sahel (Sousse, Sfax, Monastir). Pas de données officielles, mais les habitants des localités côtières (Teboulba et Chebba notamment) signalent régulièrement des barques vides dans les eaux tunisiennes, avec à leur bord des vêtements, des papiers d'identité et de l'argent. Il s'agit non seulement de Maghrébins mais aussi de Subsahariens. Le 10 mai, une cérémonie d'hommage à ces disparus, intitulée « Les Embarcations de la dignité », a même été organisée à Ksiebet El-Mediouni.

Avec ses 1 700 km de rivages, la Libye est à la fois une terre d'accueil et de transit. Elle est même considérée par l'Europe comme la plaque tournante de l'immigration clandestine. Il faut dire que la petite île italienne de Lampedusa n'est qu'à 300 km de Tripoli, à vol d'oiseau.

Sur un total de 5,5 millions d'habitants, la Libye compte quelque 1,7 million d'immigrés, clandestins pour la plupart. Les autorités libyennes tentent de répondre aux demandes des Européens et de contenir au sud ces « indésirables » en leur interdisant l'accès de Tripoli et de la côte méditerranéenne.

On ne compte pas de Libyens parmi les candidats au départ : la Libye est même le seul pays de la région qui réussit à garder ses enfants ou à les faire revenir. Les jeunes Libyens obtiennent du coup facilement des visas pour l'Europe, à l'inverse de leurs frères maghrébins.

Source : Le Monde du 17.05.08

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