dimanche, novembre 04, 2007

Le débat politique espagnol se durcit autour de l'immigration clandestine

Le débat politique espagnol se durcit autour de l'immigration clandestine

LE MONDE | 07.09.06

'afflux de milliers d'Africains débarquant sur les côtes de l'archipel des Canaries (22 000 depuis janvier dont près d'un millier mardi 5 septembre) a pour effet d'aigrir le débat politique sur la question de l'immigration, en Espagne.

Le caractère récent - une demi-douzaine d'années - de l'arrivée massive de travailleurs étrangers dans ce pays, qui fut longtemps terre d'émigration, le dynamisme de l'économie et, en particulier, du marché de l'emploi peu qualifié, tout concourrait à ce que les politiques de tous bords parlent jusqu'à présent de l'immigration comme une chance pour l'avenir économique et démographique du pays.


Mais ce discours a cédé la place à de violentes attaques de l'opposition contre le gouvernement, à un durcissement des positions de la gauche et à une inquiétude nouvelle dans l'opinion. Selon un récent sondage de l'institut Opina, 89 % des personnes interrogées considèrent qu'il arrive trop d'immigrés en Espagne et près de 65 % estiment que le gouvernement "ne répond pas de façon adaptée" à la crise.

Les conservateurs du Parti populaire n'avaient certes pas caché leur hostilité à la régularisation de 700 000 travailleurs clandestins en 2005, mais l'immigration, dans leur discours, demeurait un phénomène positif. Les gouvernements de José Maria Aznar avaient procédé eux-mêmes à plusieurs régularisations collectives. Plus récemment, la droite espagnole s'est dite favorable au vote des étrangers aux élections locales. Or en ce début d'année électorale, elle affiche sa volonté de faire de l'immigration l'un des axes de son opposition au gouvernement, qu'elle accuse d'être "débordé" et "incompétent". En mai, déjà, elle avait reproché au gouvernement d'avoir transformé les frontières en "passoires" laissant arriver, entre autres, "des bandes de délinquants".

Chantre de la modération et du pragmatisme, le président du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero a durci le ton contre l'immigration irrégulière de façon inhabituelle, mercredi 6 septembre. Devant les ambassadeurs espagnols réunis à Madrid, il a averti que l'Espagne "n'accepte pas et n'acceptera pas l'immigration clandestine ou illégale parce que ce n'est pas une immigration mais une fraude contre les immigrés, les travailleurs et, bien entendu, contre ce que doivent être nos règles de vie en commun".

Cécile Chambraud

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