mardi, septembre 04, 2007

Suisse : L'immigration au service de la croissance

L'immigration au service de la croissance

Immigration ou importation du capital humain ?

Avec la progression de la mondialisation, l’offre de travail globale est en nette hausse, ce dont profite la Suisse, notamment grâce à l’immigration: la pénurie de main-d’œuvre et les pressions salariales sont moins marquées, le chômage structurel baisse, la productivité et le potentiel de croissance augmentent.

Avec la progression de la mondialisation, on assiste à une interpénétration toujours plus grande des marchés nationaux de l’emploi et à une forte augmentation de l’offre de travail globale. La Suisse profite elle aussi de cette ouverture des marchés, qui, par le biais de la hausse de l’immigration, devrait avoir un impact globalement positif sur l’économie nationale. Il faut dire que la politique helvétique d'immigration - notamment via la mise en œuvre de l’accord sur la libre circulation des personnes - a désormais pris un tour plus libéral: les barrières d’entrée sur le marché suisse du travail ont été levées, ou vont l’être d’ici peu, pour les ressortissants de l’UE/AELE.

La majorité des migrants viennent de l’UE

La politique suisse en matière d’immigration s’articule autour de deux axes: la libre circulation des ressortissants de l’UE/AELE et une immigration limitée, reposant sur une sélection active, des personnes non ressortissantes de l’UE/AELE. Cette dernière sera d’ailleurs régie à compter de début 2008 par la nouvelle Loi sur les étrangers. La majorité des migrants sont toutefois issus de l’UE/AELE. Importante à ce titre, la mise en application de la libre circulation des personnes se fait de manière échelonnée et se trouve déjà à un stade avancé pour ce qui est des "anciens" Etats membres de l’UE, des deux "nouveaux" que sont Malte et Chypre et des membres de l’AELE (UE-17/AELE). Les citoyens suisses bénéficient ainsi depuis le 1er juin 2004 d’une liberté totale de circulation dans l’UE (à quelques exceptions près: Bulgarie, Hongrie, Roumanie, Slovénie), tandis qu’à l’inverse la Suisse autorise la libre circulation des ressortissants du groupe UE-17/AELE depuis le 1er juin 2007. Les travailleurs et non-travailleurs (par exemple les retraités ou les étudiants) disposant de moyens financiers suffisants ont depuis lors droit à un titre de séjour. Pour les ressortissants des pays d’Europe de l’Est entrés dans l’Union en 2004, des restrictions à l'immigration seront néanmoins maintenues jusqu'en 2011. Aucun accord de libre circulation des personnes n’a jusqu’ici été signé avec la Bulgarie et la Roumanie dans la mesure où les négociations viennent d’être entamées. Il faut également savoir que la libre circulation n'est introduite qu'à l’essai, du moins dans un premier temps. Si les flux migratoires s'avèrent trop importants, la Suisse pourra réimposer des contingents à partir de 2008 pour les pays membres du groupe UE-17/AELE. Et, en 2009, le Parlement et, le cas échéant, le peuple seront appelés à se prononcer sur la suite à donner aux accords de libre circulation des personnes.

Malgré de nombreuses dispositions transitoires, la Suisse renonce dans le cadre de la totale liberté de circulation des personnes à sa propre marge de manœuvre pour devenir membre d’un marché paneuropéen de l’emploi. Cette libéralisation de l’accès au marché aura un impact incontestable sur l'économie.

Pas d’éviction de travailleurs suisses
Quoi qu’en disent les pessimistes, l’immigration a des effets positifs sur l’économie suisse.

L’arrivée de travailleurs qualifiés réduit en effet la pénurie de main-d’œuvre apparue dans le sillage de l’essor économique actuel et qui pèse sur la production. Il suffit de jeter un œil sur l’évolution de l’emploi dans les secteurs marqués par une forte immigration pour se rendre compte qu’aucune éviction de travailleurs suisses n’est à noter.

On assiste en outre à une modération des prétentions salariales, d’une part du fait de la résorption des goulots d’étranglement et d’autre part en raison de la réduction progressive du pouvoir de négociation des syndicats dans le cadre des pourparlers salariaux. L’arrivée de nouveaux travailleurs agit en effet sur les paramètres régissant le pouvoir de négociation en ce que la proportion de personnes syndiquées rapportée à l’ensemble de la population active et le taux de centralisation diminuent alors même que la concurrence (potentielle) pour les postes de travail s’intensifie.

La Suisse importe du capital humain
A moyen et long termes, l’amélioration du niveau de qualification de la main-d’œuvre suisse se traduira par une augmentation de la productivité du travail. Car, à côté du stock de capital réel et du progrès technologique, le capital humain est le principal facteur de hausse de la productivité. Or les flux migratoires ont pour conséquence une amélioration de ce capital humain, donc de la productivité. En Suisse, cette évolution est déjà en marche: depuis l’entrée en vigueur de l’accord sur la libre circulation des personnes, le niveau de formation des nouveaux arrivants ne cesse de progresser, si bien que le pays bénéficie d’un "afflux de cerveaux".

Parallèlement, le chômage structurel devrait avoir tendance à reculer. L’arrivée de plus en plus importante de travailleurs bien formés va apporter une solution au problème de la pénurie de main-d’œuvre et ainsi accroître l’efficacité du marché de l’emploi. L’adéquation entre les qualifications demandées et proposées va s’en trouver renforcée tandis que les syndicats vont perdre de leur pouvoir de négociation, ce qui se traduira au final par une tendance à la réduction du chômage structurel.

L’ouverture des frontières stimule la croissance
Les effets positifs de l’immigration ne se limitent pas pour autant au seul marché du travail, mais concernent l’économie toute entière. Car, en ouvrant le marché helvétique de l’emploi et en facilitant l’arrivée d’une main-d’œuvre qualifiée, l’accord sur la libre circulation des personnes permet une hausse de la productivité. Quant à l’augmentation du volume de travail, elle résulte avant tout du recul qui se dessine sur le front du chômage structurel - reflet du taux d’occupation - et d’une augmentation de la proportion de personnes actives et du nombre de personnes en âge de travailler, le tout étant synonyme d’une progression du potentiel de croissance.


La chaîne causale ci-dessous illustre l’impact positif de l’immigration sur l’économie suisse. En cas de refroidissement conjoncturel, il faut s’attendre à une remontée temporaire du taux de chômage dans la mesure où la sédentarité des travailleurs étrangers risque de se faire sentir plus fortement qu’au cours des récessions précédentes. Mais si les avantages liés à une nouvelle émigration se révèlent supérieurs aux coûts qu'elle implique, une partie de ces travailleurs pourraient repartir. Ce devrait notamment être le cas des étrangers les plus qualifiés, qui s’efforcent de rentabiliser au mieux leurs longues études. La guerre ainsi ouverte sur le front des talents agit donc comme un mécanisme auto-assainissant du marché.

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