vendredi, juillet 27, 2007

Un Kurde tente de s'immoler dans un centre de rétention francilien

Un Kurde tente de s'immoler dans un centre de rétention francilien
AFP


La Cimade, seule ONG autorisée à entrer dans les centres de rétention administrative afin de surveiller les conditions de détention des étrangers menacés d'expulsion, a signalé vendredi 27 juillet qu'un ressortissant kurde de Turquie a tenté de s'immoler par le feu mercredi au Centre du Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne.


Brûlé "au troisième degré sur son visage et ses mains", il a été admis jeudi au service des grands brûlés "à l'hôpital Cochin pour des soins qui devraient durer un mois", déclare l'organisation dans un communiqué. Le vol qui devait le ramener samedi dans son pays a été annulé.

Cet homme, "âgé de 36 ans" et installé "en France depuis 1989", a tenté de s'immoler par le feu mercredi soir "vers 22 h 30", selon son avocat, Me Nicolas Rouly. Celui-ci estime que par cet acte, son client cherchait à protester contre l'arrêté de reconduite à la frontière pris par les autorités préfectorales de l'Eure le 11 juillet, date à laquelle il a été interpellé et placé en centre de rétention, sans sa famille, en vue de son expulsion. Sa demande d'annulation de l'arrêté préfectoral de reconduite à la frontière a été rejetée une semaine plus tard par le tribunal administratif de Melun.

UN GESTE QUI "MET EN ÉVIDENCE LA VIOLENCE DU SYSTÈME"

Il semblerait que plusieurs procédures visant à régulariser sa situation aient échoué. Selon la Cimade, souffrant de troubles psychologiques, il avait demandé en 2006 un titre de séjour pour raisons de santé, qui lui a été refusé. L'homme aurait également cherché, alors qu'il était en centre de rétention, à faire une demande d'asile. Mais l'interprète qu'il avait demandé à l'administration ne lui aurait pas été fourni dans le délai imparti pour faire sa demande.

L'homme avait, selon la Cimade, rencontré un psychologue dès son arrivée au centre, puis le médecin par deux fois. Son avocat a indiqué envisager "une action en responsabilité à l'encontre de l'Etat". "Pourquoi s'est-il retrouvé avec un briquet, dans un centre normalement bien surveillé, pourquoi le médecin n'a-t-il pas pris sa menace au sérieux ?" Jointe au téléphone par l'AFP, la direction du Centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot, près de l'aéroport de Roissy, n'a pas souhaité s'exprimer sur cette affaire.

"Quel désespoir peut conduire un être humain sur le point d'être reconduit vers son pays à s'immoler par le feu ?", s'interroge la Cimade dans un communiqué. "Nous ne connaissons pas les raisons" de son acte, "cependant le fait qu'il ait été poussé à une telle extrémité met en évidence la violence d'un système qui privilégie l'enfermement des personnes vulnérables ou qui n'ont rien fait d'autre que de vouloir un avenir plus sûr en Europe".

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