vendredi, juillet 27, 2007

Immigration en Europe : des effets positifs sur le marché du travail

Une étude de Goldman Sachs révèle que, contrairement aux préjugés, l’arrivée de migrants dans les pays de l’Union a permis une croissance plus rapide du PIB, notamment en Espagne.

Traditionnellement l’Europe était une terre d’émigration, rappellent deux analystes de Goldman Sachs Ben Broadbent et Istvàn Zsoldos, dans une étude sur l’immigration en Europe. Les flux migratoires se sont inversés et l’Europe des Quinze a enregistré, depuis 2001, une arrivée équivalent chaque année à 0,5% de sa populations, supérieure aux 0,4% des Etats-Unis. Un mouvement qui ne se réduit pas à l’accession de nouveaux membres dans l’UE, ceux-ci ont également enregistré un solde migratoire positif.

C’est l’Espagne (deux tiers des arrivées entre 2001 et 2005), suivie par l’Italie et le Royaume-Uni qui ont enregistré la plus forte immigration, l’Irlande bénéficiant également d’un fort taux de flux migratoire par rapport à une population limitée. Par contre les nouveaux soldes migratoires ont été faibles en Allemagne et en France.

Si un taux de chômage élevé incite les gouvernements à restreindre l’immigration, le fait que les migrants choisissent des pays qui leur offrent le plus d’opportunités est un facteur décisif. Ce sont les pays avec le plus haut revenu par habitant ou le plus bas taux de chômage qui ont attiré le plus d’immigrants. Contrairement aux mythes – le plombier polonais en France – l’arrivée de travailleurs étrangers n’a pas eu de conséquences négatives sur l’emploi, au contraire.

Cette immigration en Europe a permis une croissance plus rapide du Pib, aisément vérifiable en Espagne. Globalement, ce déplacement de population vers des pays ou la productivité est plus forte entraine une élévation globale du PIB plus importante. Elle renforce toutefois la hausse des prix de l’immobilier. L’arrivée massive de migrants n’a, d’après l’étude, que des conséquences négatives minimes sur le niveau des salaires.

Vieillissement de la population en Europe

Toutefois, fortement représentés dans les emplois les moins rémunérés, les immigrants pèsent sur ce type d’emploi et tendent à en déprimer temporairement le niveau salarial, particulièrement dans les pays où les bas salaires sont réglementés. Probablement une des raisons pour lesquelles les pays au marché du travail le moins libéralisé ont freiné l’arrivée de travailleurs en provenance des nouveaux pays membres. Cette influence négative sur les bas salaires est cependant minime en comparaison avec le développement des échanges avec les pays à très bas salaires, comme la Chine ou l’Inde, rappelle la banque américaine.

Appliquant un modèle prenant en compte les immigrations passées, Broadbent et Zsoldos en concluent que l’émigration vers l’Europe devrait croître dans les années à venir. Elle ne devrait pas baisser sous le taux actuel de 0,5% de la population tout au long de la prochaine décennie. Un taux qui pourrait même augmenter si la croissance des pays source ne se rapproche pas de celle de l’UE.

L’Europe a depuis 2001 eu plus de succès pour attirer une immigration qualifiée, difficulté qui pourrait encore augmenter car les restrictions mises à l’entrée des migrants découragent en priorité la main d’œuvre qualifiée. Cette arrivée de population ne pourra cependant résoudre le problème du vieillissement de la population en Europe, souligne Goldman Sachs. Son principal bénéfice, conclut l’étude, n’est pas à chercher dans ses conséquences directes, mais dans le fait qu’elle pousse les gouvernements à accélérer la libéralisation du marché du travail.

Daniel Krajka, Source : Usine Nouvelle

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