dimanche, mars 26, 2006

Grande Bretagne : La Grande-Bretagne ouvre grands les bras aux immigrés qualifiés, pas aux autres

Le gouvernement de Tony Blair, qui a décidé d'accueillir largement les Européens de l'Est après l'élargissement de 2004, durcit ses règles pour les candidats des autres pays

La Grande-Bretagne accueillera à bras ouverts les travailleurs hautement qualifiés originaires de pays non-membres de l'Union européenne (UE) ; elle sélectionnera soigneusement les moyennement qualifiés en fonction de ses besoins, et dissuadera fortement, voire empêchera, les autres de venir travailler chez elle.

Ainsi peut-on résumer la nouvelle politique d'immigration du Royaume-Uni qui entrera en vigueur en 2008, et dont les détails ont été publiés mardi 7 mars. Ses grands principes avaient été annoncés il y a un an, au début de la campagne pour les élections législatives. Elle ne concerne pas les citoyens des dix nouveaux pays ayant intégré l'UE en mai 2004. Ceux-ci bénéficient, moyennant une obligation d'enregistrement, d'un accès libre au marché du travail britannique et du même régime professionnel que les autres Européens. Près de 350 000 Européens de l'Est - dont 60 % de Polonais - se sont installés officiellement en Grande-Bretagne pour y travailler depuis mai 2004.

Le plan, présenté par le ministre de l'intérieur, Charles Clarke, comme « plus juste, plus simple, plus transparent et plus rigoureux », repose sur un système de points inspiré des exemples australien, canadien ou néo-zélandais et comparable au projet présenté en France en février. Les candidats à l'immigration seront classés en cinq catégories et notés en fonction de plusieurs critères : âge, qualification, expérience, maîtrise de l'anglais, salaires précédents.

En haut de l'échelle, figurent les hommes d'affaires et les professionnels hautement qualifiés : médecins, ingénieurs, financiers, informaticiens. Ils pourront entrer dans le pays sans avoir reçu une offre d'emploi préalable, être accompagnés de leurs familles et s'installer définitivement après seulement deux ans. Certains entrepreneurs, désireux d'investir ou d'innover, échapperont même au test des points.

Dans la deuxième catégorie, les enseignants, comptables, infirmiers et autres salariés intermédiaires seront accueillis, avec leur famille, là où règne une pénurie de main-d'oeuvre. Mais la détention d'une offre d'emploi ne leur garantira pas ipso facto l'entrée dans le pays. Ils pourront s'y installer durablement au bout de cinq ans.

Les travailleurs peu qualifiés, notamment dans l'agriculture, l'hôtellerie et la restauration, classés dans la troisième catégorie, devront avoir répondu à une offre précise, pour une durée fixée à l'avance, un an au maximum, et en garantissant leur départ au terme de leur contrat. Ils ne pourront ni amener leur famille ni s'installer dans le pays. Actuellement, tous les travailleurs présents en Grande-Bretagne depuis quatre ans peuvent prétendre à une résidence permanente.

Les deux dernières catégories concernent les étudiants, et des cas particuliers, comme les sportifs, les musiciens, les religieux, les vacanciers de longue durée.

Les candidats à l'immigration devront se faire connaître auprès des consulats britanniques. En cas de réponse négative, ils ne pourront plus faire appel. Un nouvel organisme, dépendant du ministère de l'intérieur, déterminera et chiffrera les besoins en main-d'oeuvre dans les secteurs déficitaires.

Le futur système est fondé sur la conviction que les travailleurs originaires des nouveaux pays membres de l'Union européenne seront assez nombreux pour accomplir les « petits jobs » en souffrance sans qu'il soit nécessaire de faire appel aux immigrants plus lointains. C'est parmi ces derniers que l'on trouve les travailleurs clandestins déjà présents, dont le nombre était estimé, en juin 2005, à 570 000.

Ce tour de vis sur l'immigration a aussi un objectif plus politique : rassurer une partie de la population, inquiète d'un afflux croissant d'étrangers dont l'intégration pèse lourdement sur des infrastructures publiques déjà déficientes.
Jean-Pierre Langellier

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