vendredi, novembre 18, 2005

La Banque mondiale vante les bienfaits de l'immigration

LEMONDE.FR | 16.11.05


L'immigration, bien préparée et bien gérée, permet de lutter efficacement contre la pauvreté, selon un rapport publié mercredi 16 novembre par la Banque mondiale, dans un contexte de débat sur les problèmes d'intégration des populations immigrées alimenté par les violences en France.


"Alors que le nombre des travailleurs migrants dans le monde frise les 200 millions, leur productivité et leurs salaires sont un outil puissant de réduction de la pauvreté", a souligné l'économiste en chef de la Banque mondiale, François Bourguignon, en évoquant l'importance des envois de fonds de ces travailleurs vers leurs pays d'origine.


Mais le "défi à relever par les décideurs, a ajouté M. Bourguignon, est de réaliser pleinement les avantages économiques potentiels, tout en gérant les conséquences sociales et politiques que cela implique".

Le rapport, rédigé avant l'éclatement des troubles dans les banlieues françaises début novembre, ne fait pas mention de la situation en France, où le gouvernement a annoncé, face au soulèvement des jeunes immigrés des banlieues pauvres et à fort taux de chômage, des mesures pour améliorer leurs conditions de vie.


RÉPONDRE AU VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION


L'immigration semble incontournable pour répondre au problème du vieillissement de la population dans les pays développés, soulignent régulièrement la Banque mondiale et d'autres institutions internationales.

Dans son rapport, intitulé Prévisions économiques mondiales 2006, la Banque mondiale a calculé qu'un accroissement de 3 % du nombre des migrants dans les pays à revenu élevé d'ici à 2025 pourrait accroître le revenu réel mondial de 0,6 %, soit 356 milliards de dollars.

Dans le détail, 162 milliards de dollars iraient ainsi aux nouveaux migrants, 143 milliards de dollars à leurs familles dans les pays pauvres. En 2005, les transferts de fonds des travailleurs migrants ont dépassé les 232 milliards de dollars, dont 167 milliards sont allés aux pays en développement, soit plus du double du montant total de l'aide au développement, note le rapport.


LA FRANCE EN QUATRIÈME POSITION

L'Inde arrive en tête, avec 21,7 milliards de dollars ainsi rapatriés, suivie par la Chine (21,3 milliards de dollars) et le Mexique (18,1 milliards de dollars). Dans ce classement établi selon le volume en dollars des fonds officiellement comptabilisés par les pays, la France arrive en quatrième position avec 12,7 milliards de dollars, devant les Philippines avec 11,6 milliards.

Ce classement de la France s'explique par plusieurs éléments, selon l'un des coauteurs du rapport, Dilip Ratha. Tout d'abord, il s'agit d'un classement en volume et valeur en dollars. Aussi, le taux de change de l'euro plus fort que le billet vert a eu un impact favorable car la plupart des transferts de fonds des expatriés français venaient des autres pays d'Union européenne.

Par ailleurs, comparé au produit intérieur brut (PIB) de la France, les 12,7 milliards de dollars représentent peu pour un "pays riche comme la France", souligne le rapport. Les transferts étant calculés selon l'impact des envois de fonds sur le revenu intérieur, les îles Tonga arrivent en tête avec 31 %, devant la Moldavie (27,1 %), le Lesotho (25,8 %), Haïti (24,8 %) et la Bosnie-Herzégovine (22,5 %).

Enfin, pour maximiser les bénéfices de l'immigration, le rapport encourage la conclusion d'accords entre les pays en développement et ceux qui accueillent leurs migrants afin d'améliorer les conditions dans lesquelles ces derniers traversent les frontières, trouvent un emploi durable et transfèrent leurs salaires.

Ainsi, l'utilisation de canaux officiels et l'abandon du marché noir pourraient accroître de 50 % au moins les sommes rapatriées, alors que les envois de fonds sont souvent la principale source de capitaux extérieurs dans de nombreux pays pauvres.

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